Première diffusion (CBS) : jeudi 25 septembre 2013.
Simon Roberts, patron excentrique, et sa fille Sydney, beaucoup plus sérieuse, font équipe pour garder à flot leur célèbre agence de publicité de Chicago…
C’était LA comédie que j’attendais le plus en cette rentrée. L’attente fut longue, mais le résultat en valait la peine. The Crazy Ones marque le retour à la télévision de Robin Williams et Sarah Michelle Gellar en père et fille publicitaires et on peut dire qu’avec un score de 15,6M de téléspectateurs sur le public global, le public a lui aussi désiré voir ce tandem improbable se former sur CBS. En espérant que la comédie reste sur ces audiences dans les prochaines semaines, même si il faut aussi bien comprendre que l’effet de curiosité et la diffusion derrière Big Bang Theory (actuellement la série la plus vue aux USA) aient pu influencer ce fort taux.
Mais comme je le disais plus haut, la série m’a séduit et possède un fort potentiel. Déjantée, délirante et drôlement moderne… On ne voit pas passer les 20 petites minutes du pilote et pour cause : il n’y a aucun temps mort ! Entre le débit ultra rapide des acteurs, les situations comiques qui se succèdent à 100 à l’heure et parce qu’il faut tout caser dans ce format court imparti aux comédies, on sort limite aussi fatigué du visionnage que le héros de Madame Doutfire dans l’étalage de ses pitreries.
Avec le patriarche Simon Roberts, Robin Williams trouve un rôle puissant, très –trop ?- dynamique et à moitié fou (sic), qui met en valeur son immense sens comique. Mais attention à ce que ces mimiques, imitations et autres clowneries ne nous fatiguent pas trop rapidement… C’est le risque avec ce genre de héros. Il faut en revanche qu’on comprenne davantage que l’hystérique de service est en fin de carrière et qu’il lui faudra un jour passer la main… Incarnée par SMG, notre Buffy internationale, le personnage de Sydney, stressée et droite, est le pendant sérieux de son père. Ensemble, ils incarnent le yin et le yang de l’agence et c’est en équipe qu’ils résolvent leur première aventure. Nous avons l’habitude de la voir exceller dans du drame, mais SMG possède un assez bon timing comique comme on a pu le constater dans certains épisodes de Buffy (le BuffyBot, ou la Tueuse des cavernes sous l’effet d’une bière magique, souvenez-vous, restent mes meilleurs souvenirs, entre autres répliques inventés par la miss). A l’actrice de nous impressionner dans les prochains épisodes. On ressent déjà une belle alchimie entre les deux acteurs, leur relation m’a touché et j’ai beaucoup aimé l’intrigue de ce pilote.
Laquelle nous emmène du côté de McDonald, le plus gros client de Roberts & Roberts (à 60%). Utiliser des marques déjà existantes donne un côté plus réel à l’histoire et on se plonge volontiers dans cette dernière. On devrait d’ailleurs retrouver chaque semaine une nouvelle marque pour du placement produit en veux-tu en voilà (à noter que McDo n’a pas été approché pour figurer dans la série : on aurait donc pu insister davantage sur la critique de la firme). Reste à insuffler ses valeurs familiales à travers une nouvelle campagne marketing. Pour éviter le licenciement, l’équipe quémande à Kelly Clarkson de remettre à jour et en chanson « You deserve a break today », le célèbre slogan du fast-food en 1972. Mais la chanteuse veut changer d’image, et désire interpréter un titre à caractère sexuel, ce qui nous embarque dans un tas de situations comiques… Que d’éloges également à faire à l’artiste, qui campe une fausse Kelly d’exception, loin de l’image de jeune romantique qu’on lui donne. Moi qui suis fan de sa musique depuis Since You’ve Been Gone, j’ai trouvé sa performance d’actrice très bonne. Son personnage de nasty Kelly Clarkson est très bien écrit, et j’aimerais beaucoup revoir la chanteuse dans la série, ou ailleurs, si un bon rôle pouvait lui être confié.
A leurs côtés, le potentiel du reste du casting reste encore assez flou mais James Wolk (qui aime donc ce milieu de la publicité, puisqu’il figure également au casting de Mad Men, qui conte, je le rappelle ici, le quotidien d’une agence de pub new-yorkaise dans l’Amerique des sixties !) séduit dans le rôle de Zach, bras droit du père. Quel énorme moment que la chanson au restaurant ! J’ai beaucoup ri à ce moment, tout comme aux blagues cochonnes dans le studio d’enregistrement. Amanda Setton (Gossip Girl) joue pour l’instant la ravissante petite idiote, et Hamish Linklater (que j’ai beaucoup apprécié dans Old Christine et The Newsroom) reste assez effacé à ce stade.
On ne peut que reconnaître la marque David E. Kelley dans cet épisode introductif mené de main de maître, réhaussé par une belle photographie et bande-son actuelle (Nicki Minaj, Olly Murs). L’ombre d’Ally Mc Beal n’est pas loin : l’équipe soudée et déjantée, les blagues du type je sens tes cheveux, on avait déjà ce type de comique chez Cage & Fish. Et merci d’avoir inclus dans ce pilote maîtrisé un rapide hommage à Buffy (Sarah punchant le robot dès les premières minutes). Je serai évidemment au rendez-vous du second épisode, en espérant un développement de l’intrigue principale, des personnages secondaires, et du passé sombre de Simon.